L'automne à Gourgouras

Automne en Cévennes



La pomme, le bolet, les fougères mouillées
Les feuilles entassées dans l’entrelacement
De leurs nervures bleues, déjà presque rouillées,
La fumée des grands feux dispersée par le vent.
Mille et une senteurs s’emmêlent dans la brume
Qui traîne sur les champs ses reflets irisés.
Le soleil a du mal à sortir de l’écume,
Dans un ciel délavé aux nuages rosés.
Les grands châtaigniers noirs, aux feuilles en guenilles,
Ne sont plus maintenant que des squelettes gris.
Les vieux mas restaurés sous les lauzes qui brillent
Ont fermé leurs volets. On n’entend plus de cris.
Les sangliers rôdeurs ont quitté leur cachette
Et labourent les prés avec leurs groins puissants.
Dans les greniers mal clos quelques rongeurs furètent
Et sur les terres vont les corbeaux, croassant.
Les pluies ont réveillé, les sources vagabondes,
Les fontaines, les rus, les torrents, les ruisseaux
Qui jettent leurs échos dans les gorges profondes
Et ornent de rubans collines et coteaux.
Cependant, incongrus, dans leurs vertes vareuses,
Austères et guindés, les pins et les sapins
Grignotent peu à peu les pentes broussailleuses,
Tamisant sans pitié les lueurs du matin.
Ses monts illuminés d’une douce lumière,
Le grand massif déploie comme pour un envol
Son moutonnement bleu de valats et de serres,
C’est l’automne chez moi, au pays cévenol.

Auteur: Rémy Felgeirolles.

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